Glossaire

« Il m'a semblé intéressant et utile de donner brièvement quelques définitions des techniques les plus couramment employées et des termes généraux les plus souvent utilisés dans le très vaste univers de l'estampe. J'ai pour ma part, au cours de ma longue expérience en ce domaine et à des périodes différentes, eu l'occasion d'apprendre et d'utiliser la plupart de ces techniques. Le bois gravé est aujourd'hui, et depuis plusieurs années, mon moyen d'expression presque exclusif. »


Bois gravé ou Xylographie
La technique du bois gravé ou xylographie est employé en Occident sans discontinuer depuis le XVème siècle. La gravure sur bois fait partie des techniques d'impression dites en relief. L'artiste exécute un dessin préparatoire sur le bois. Il creuse les blancs autour de sa composition au canif, au burin, au ciseau ou à la gouge. Tout ce qui est gravé apparaîtra en blanc à l'impression, l'encrage, au rouleau, ne touchant que les parties en relief. Lorsque la taille est terminée, le dessin initial apparaît en relief sur le bois (taille d'épargne). On distingue la technique du « bois de bout » (sens perpendiculaire aux fibres) de la technique - la plus utilisée - du « bois de fil » (sens des fibres). Cette technique a toujours était prisée par les artistes pour sa force d'expression.



Linogravure
Apparue vers 1900, la linogravure est une technique proche de la gravure sur bois. L'artiste exécute un dessin préparatoire sur une plaque de linoléum. Il creuse les blancs (les « réserves ») autour de sa composition (gravure en « taille d'épargne »). L'encrage, au rouleau ne touchera que les parties en relief. Les zones colorées sont homogènes. Les outils utilisés pour la gravure sur bois conviennent parfaitement à la linogravure ; les gouges sont les outils de base de cette technique qui présente l'avantage de la rapidité d'exécution et de la souplesse d'utilisation. Les tirages sont souvent limités car il s'agit d'un support tendre (le linoléum - revêtement de sol - est un agglomérat à base de poudre de liège).



Lithographie
La lithographie est une technique d'impression a été inventée par l'allemand Aloys Senefelder en 1796. Ce procédé exploite l'incompatibilité entre l'eau et les corps gras sur une surface plane d'une pierre calcaire. Ce support permet un travail de dessin direct d'une très grande souplesse. L'artiste exécute son dessin sur la pierre en utilisant des crayons et des encres lithographiques. Une préparation chimique faite d'acide nitrique et de gomme arabique fixe le dessin sur la pierre. Puis celle-ci est humidifiée et enfin encrée au rouleau. L'encre alors n'adhèrera que sur les surfaces dessinées. Pour des raisons de commodité, une plaque de zinc ou d'aluminium peut remplacer la pierre.



Eau-forte
La gravure à l'eau-forte est une technique très largement utilisée dans l'art de graver. Après avoir recouvert la plaque de métal d'un vernis, l'artiste réalise son dessin à l'aide de pointes, mettant ainsi à nu le métal là où il est intervenu. Une fois ce travail terminé, la plaque est alors soumise à l'action corrosive de l'acide, qui creusera les parties gravées (gravure en creux). Le vernis est ensuite retiré avec un solvant et la plaque encrée. L'excès de pigment est soigneusement retiré. La plaque est recouverte par une feuille de papier préalablement humidifiée, puis recouverte de langes. Les rouleaux de la presse vont appuyer fermement sur la feuille et permettre ainsi le transfert de l'encre.



Aquatinte
Il s'agit là d'une technique dérivée de l'eau-forte qui permet d'obtenir une surface composée de points. Ce procédé donne des effets de « dégradés » et de demi-tons. Le résultat s'obtient avec une poudre de résine plus ou moins fine qui est saupoudrée sur le support (plaque de cuivre) et que l'on chauffe pour la faire fondre, puis durcir et enfin adhérer fortement au métal. Il en résultera une sorte de trame par points qui résistera à l'action de l'acide. Celui-ci creusera le métal entre les points (morsure plus ou moins profonde, selon l'effet que l'artiste souhaite obtenir). Cette technique est souvent mariée à l'eau-forte (un peu comme un lavis vient parfois s'unir à un dessin à l'encre).



Burin
L'artiste grave sa composition directement dans la plaque de métal à l'aide d'un outil d'acier - le burin - en poussant celui-ci avec la paume de sa main et en faisant tourner son support (plaque de zinc, d'acier ou de cuivre) sur un coussin ou une planchette de bois. Cette double action arrache dans sa progression des copeaux de métal. Les sillons ainsi creusés recevront l'encre d'impression. Le plus fréquemment, le burin est réalisé sur cuivre qui est "amoureux de l'encre". Avant l'encrage de la plaque, il est nécessaire d'humidifier le papier afin de le rendre suffisamment souple pour pénétrer dans les traits les plus fins. La plaque est encrée, soigneusement essuyée, la plaque déposée sur la presse.


 
Pointe-sèche
La pointe sèche est un procédé de gravure très libre qui s'apparente au dessin. L'artiste utilise des outils très pointus (des pointes sèches) qui rayent le métal de manière plus ou moins profonde. La pointe d'acier que manie l'artiste ne creuse pas un sillon net comme le burin, mais entame le support de manière plus irrégulière ; des barbes de métal, aux bords des traits, retiendront l'encre et donneront un aspect velouté à l'impression. La matrice étant assez fragile (usure des tailles et des barbes), un tirage de qualité sera peu important. Peu souvent utilisée seule, cette technique est souvent associée à l'eau-forte et/ou à l'aquatinte. Son emploi facile et l'aspect naturel de son trait ont séduit les artistes du XXème siècle.


 
Sérigraphie
La matrice est constituée par un écran de tissu tendu dont les mailles permettent le passage de l'encre sur les parties correspondant à l'image. Les mailles que l'on obstrue donnent les blancs. L'encre est poussée à travers les mailles non bouchées à l'aide d'une raclette. La pression de celle-ci et l'élasticité du tissu permettent de faire adhérer l'encre sur le papier situé sur la table d'impression. La sérigraphie est une amélioration du fameux « patron », procédé manuel de mise en couleur d'une estampe grâce à des patrons découpés. Au-delà du papier, les supports utilisés pour rcevoir l'impression sérigraphique peuvent être variés et pas nécessairement planx (carton, textile, métal, verre, bois, etc.).



Impression par viscosité
L'impression par viscosité est basée sur le principe qui fait que les encres grasses (huileuses) repoussent les encres qui le sont moins ; ces encres sont appliquées sur une « plaque de compensation » par un rouleau dur ou doux qui déposera de l'encre sur une plus ou moins grande profondeur de la plaque selon la douceur du rouleau.



Impression colorée par réduction
L'impression colorée par réduction est un processus d'élimination progressive des zones déjà imprimées ; ces zones resteront de la couleur souhaitée et garderont leur intensité. La transition des couleurs chaudes vers des couleurs froides est faite en imprimant plusieurs couches d'encre blanche opaque (considérées en tant que blocs). L'édition entière est imprimée après chaque changement de nuance colorée et, lorsque le processus arrive à son terme, le support a pratiquement totalement disparu au point d'être devenu totalement inutilisable.



Gravure ou impression en relief
Le mot « gravure » désigne l'art de créer une image en creusant la surface d'un matériau. L'endroit où se trouve l'encre sur la matrice au moment de l'impression permet de différencier la gravure en relief de la gravure en creux. Dans le cas de la gravure en relief (taille d'épargne), le support est creusé afin d'éliminer les parties que l'on ne veut pas imprimer. Le dessin se dégage en relief et recueille l'encre qui, sous l'effet d'une pression, transfère l'image sur lev  papier. Le bois est le support de prédilection de la gravure en relief, mais aussi la linogravure.



Vernis mou
C'est un type de vernis utilisé en gravure. Il est généralement composé de suif ou de vaseline, afin d’adhérer au papier. La plaque de métal dégraissée est recouverte du vernis par petits tapotements, puis légèrement chauffée. Le vernis peut dès lors « prendre l'empreinte de matières texturées (dentelle, plantes) ou le tracé à la pointe d'un dessin au travers d'une mince feuille de papier ». Lorsque le vernis recouvre la plaque, on dépose sur celle-ci une feuille de papier fin, type papier de soie, et l'on dessine sur la feuille, le plus souvent un crayon à mine dure. En fonction de la qualité du papier et du crayon, on obtiendra un résultat différent sur la plaque : le moindre appui laissera une marque. La plaque est ensuite déposée avec précaution dans un bain d'acide. L'intérêt de cette technique est de donner un aspect très crayonné à la gravure, et de générer des matières intéressantes sur la plaque.



Matrice
 La matrice est le support sur lequel est réalisé l'estampe. Ce support, pour une même technique, aura parfois une incidence sur le résultat final. Ce sera une plaque de cuivre, de zinc, d'aluminium ou d'acier - parfois une plaque de plexiglas - pour la gravure (eau-forte, aquatinte, burin, pointe-sèche, etc.) La lithographie (procédé d'impression à plat) se fera sur une pierre calcaire non poreuse à l'eau pour la lithographie ; le grain de la pierre doit être parfaitement homogène et ne présenter aucun défaut et les carrières fournissant des pierres d'une qualité suffisante pour la lithographie sont rares. Les matrices lithographiques présentent généralement une épaisseur de 7 à 10 centimètres et les deux faces doivent être parfaitement parallèles. Un bloc de bois sera le support du bois gravé ou xylographie (sens étymologique : « écriture sur bois ») ; il s'agit peut-être de la plus ancienne technique d'impression. Le choix du bloc de bois et son fil (sens des fibres) sera essentiel suivant l'oeuvre à réaliser.